Chanter pour changer le monde
J’apprends à vivre en citoyen libre, heureux et solidaire
Éditions Chronique Sociale, 2018
Dans le livre ci-contre, vous trouverez une collection de petits jeux de vie, c’est-à-dire de minuscules défis que nous vous proposons de réaliser, chaque semaine ou chaque jour. Ils vous aideront à devenir des citoyens libres, heureux et solidaires.
Les satisfactions et le bien-être que j’ai après un jeu de vie est incroyable, (si je le fais à fond). Gatien
Les jeux de vie m’ont apporté énormément d’aide dans la vie, j’aime beaucoup le principe et en même temps, il nous apporte un joli défi à relever et une occasion de se surpasser. J’en ai tiré beaucoup de merveilleuses leçons : approfondir ma compréhension d’une relation harmonieuse et avoir de meilleures relations avec mes proches, par exemple. Marie
S’épanouir à l’école, c’est possible. Vivre l’éducation biocentrique au collège et au lycée
Conférence lors de la présentation à Lyon, juillet 2013 : http://www.youtube.com/watch?v=tqtut686nG0
Introduction
Si je n’étais d’un naturel optimiste et confiant, écrire ces lignes me plongerait dans un total découragement. En effet, l’histoire de la pédagogie nous enseigne combien voici bien plus d’un siècle, les passionnés qui nous ont précédés nous ont montré de nombreuses voies éducatives pour aider nos enfants à grandir et à développer harmonieusement leur potentiel.
Comment se fait-il alors que l’école ressemble encore si souvent à ce que Michel Foucault dénonçait dans son ouvrage Surveiller et punir[1], une école qui repose sur les mêmes pratiques que celles de l’hôpital et de la prison, une école dans laquelle les professeurs passent leur temps à affiner des moyens de contrôle pour formater les élèves à une norme valable pour tous.
Sans doute les Decroly, Montessori, Claparède, Freynet, Oury, Dolto et autres génies de l’humain ont-ils, sans le savoir, commencé à éroder les résistances de la société pour qu’un jour, un nombre suffisant de consciences soient enfin prêtes à transfigurer l’école. Sans doute aussi les crises successives (économie, finance, écologie) qui bouleversent le monde aujourd’hui et qui fragilisent nos jeunes vont-elles nous contraindre à cette métamorphose, appelée par Edgard Morin[2].
Pour ma part, je m’emploierai à démontrer, une fois de plus, que cette métamorphose n’est pas seulement devenue de plus en plus indispensable à la société que nous connaissons, mais qu’elle est bel et bien réalisable et qu’il suffirait d’un acte de confiance et de courage de la part de nos ministres de l’éducation pour la mettre en place.
Il est non seulement possible, mais urgent d’opérer une métamorphose totale de l’enseignement. Pour ce faire, il nous faut créer une école adaptée aux enjeux du monde d’aujourd’hui et d’une société qui nous fait réellement envie. Nos enfants ont besoin, en effet, d’être accompagnés dans la découverte et l’éclosion du potentiel que la Vie leur a légué, et encouragés dans leurs qualités inventives nécessaires, entre autres, à sortir des crises qui nous guettent et à faire émerger une nouvelle société, plus solidaire et plus respectueuse de la planète comme de ses habitants.
L’éducation biocentrique présente les caractéristiques nécessaires à ce type d’école, parce qu’elle met l’intelligence de la vie au centre de ses préoccupations et vise à faire reposer son enseignement sur les besoins fondamentaux inhérents à l’humain. Ce faisant, elle permet à chacun de se révéler à lui-même et d’acquérir une identité saine, précieux rempart contre les intégrismes et les violences en tous genres. Ma proposition est un donc plaidoyer pour un changement d’école qui s’appuie sur mon expérience sur le terrain et les témoignages de mes élèves qui, lorsqu’ils sont accompagnés de la sorte, se révèlent d’une richesse étonnante.
Ce livre s’adresse à toute personne ayant une responsabilité éducative (animateur, éducateur, professeur), soucieuse de sortir du carcan des relations duales et prête à prendre le risque d’une nouvelle aventure humaine, dans laquelle l’adulte accepte d’abandonner le pouvoir que lui confère sa fonction pour oser l’ouverture respectueuse face au jeune et à ses réels besoins et ce, dans un dialogue le plus égalitaire possible.
Puisque mon parcours m’a conduite à me former dans ce domaine, je m’arrêterai plus particulièrement sur la pédagogie originale de Rolando Toro Araneda, l’éducation biocentrique, dont j’expliciterai les grandes lignes de force. Ensuite, je montrerai comment je tente de la mettre en pratique au sein de mes classes, avec des exemples concrets à l’appui. Des témoignages de mes élèves viendront illustrer mes propos.
Très vite, le lecteur remarquera que la raison d’être de cet ouvrage réside dans le besoin d’éveiller nos consciences à ce quelque chose qui nous habite déjà et de donner l’envie à chacun de tenter ses propres expériences en « osant la Vie ». Ce livre ne donnera donc pas de recettes toutes faites puisque le vivant ne peut jamais être saisi, mais qu’il se définit dans un perpétuel mouvement.
C’est en toute humilité que je tente les mots qui vont suivre. Ce moteur qui me pousse à témoigner de mon expérience ne ressemble pas du tout à un jugement sur les pratiques des enseignants actuels. Je sais combien il est difficile de trouver sa propre voie lorsque l’inconscient collectif nous a plongés, depuis l’enfance, dans un certain mode de fonctionnement de l’école, considéré comme le meilleur pour tous. Je reconnais également à quel point il est malaisé de se libérer de la dépendance des programmes imposés d’en haut.
Je suis d’ailleurs persuadée que la plupart de mes confrères se donnent corps et âmes au service de leurs élèves. Ils passent souvent bien trop de nuits à préparer au mieux leurs cours, et les résultats sont rarement à la hauteur de leur investissement. C’est pourquoi j’ai envie de dire à ceux qui se sont usés à la tâche et à ceux qui y croient encore qu’une issue est possible et qu’elle habite dans le lâcher-prise, la tendresse et la joie.
[1] M. Foucault, Surveiller et punir, Gallimard, 1989.
[2] E. Morin, La Voie, Pour l’avenir de l’humanité, Fayard, 2011.