Ode à mon amie, la mort

Ode à mon amie la mort

Avril 2020

Sur mon épaul’ tu es perchée

Depuis le jour de ma naissance

Je n’ai pas eu à te chercher

Tu bouscules mon indolence

Il m’a fallu un peu de temps

Pour apprendre à t’apprivoiser

Mais aujourd’hui quand je t’entends

Je pourrais presque pavoiser

Amie fidèle tu m’éveilles

Chaque fois que je m’assoupis

Tu m’inspires, tu me conseilles

De jouer pleinement ma vie

Tu m’inities à la Beauté

Qui se dévoile en abondance

En chaque instant d’éternité

Quand je m’absorbe dans sa danse

Je prends plaisir à ralentir

Pour m’accorder à sa cadence

Vibrer au chant de ses sourires

Celui du merle et du silence

  •  

Tu me suggères de rêver

De rêver haut, de rêver fort

D’avoir l’audace d’exhaler

Ce souffle qui pulse en mon corps

Avec toi, j’entraîne mes peurs

Sur des sentiers inexplorés

Vers les contrées où mon ardeur

Se languit de me déflorer

  •  

Grâce à toi s’aiguisent mes sens

Je me découvre mariée

À toute vie, toute existence

Auxquelles je suis reliée

J’ai compris que Vie et Amour 

Étaient le don de mon essence

Qu’ils se conjuguent avec toujours

Même lors de mes révérences

L’enthousiasme, étalon et moteur d’une vie harmonieuse.

L’enthousiasme, étalon et moteur d’une vie harmonieuse

Vous êtes-vous déjà observés quand vous agissiez avec enthousiasme ? Quel était votre regard sur vous-mêmes, sur les autres et sur votre existence ? Vos actes n’étaient-ils pas extrêmement fluides, même dans l’effort ? N’étiez-vous pas habités pas l’agréable sentiment de vous sentir utiles ou, tout au moins, rayonnants pour autrui ? 

À l’origine, il y avait l’enthousiasme

Une fois n’est pas coutume : à l’entame de cet article, que le lecteur me pardonne, je vais me permettre de parler de moi. 

Quand je regarde ma vie, je me rends compte qu’elle a été guidée suivant un fil conducteur qui n’a jamais dévié. Toute petite, j’aspirais à devenir missionnaire et chanteuse. À l’époque, évidemment, je ne connaissais rien d’autre des missionnaires que ceux qui, lors de leurs voyages, posaient un temps leur valise dans notre ville et transmettaient leur passion avec fougue et humanité.

L’enthousiasme personnalise ses formes

Plus j’ai avancé en âge et en expérience, plus « Je veux être missionnaire » est devenu « Je me sens missionnée à rayonner la joie et à éveiller les personnes afin qu’elles deviennent toujours plus libres, plus heureuses et plus aimantes. »

Et même s’il y eut une parenthèse égotique liée à la recherche de mon identité, qui me faisait aspirer au statut de vedette, la chanson pour moi procédait du même désir : relier les personnes par la musique, et leur insuffler des messages porteurs de vie et d’amour. 

L’enthousiasme est désintéressé

Depuis toujours, une sorte de projet s’est donc dessiné en moi, presque à mon insu, qui me pousse à apprendre la Vie et à transmettre tout aussitôt ce que je découvre, par l’écriture, la parole ou le chant. Ce souffle me dépasse, me permet de servir des buts qui vont au-delà de moi-même et m’amènent à faire des choix et à poser des actes qui m’étonnent, ne regardant ni au temps, ni à l’argent dépensés. C’est dans cet élan que je pressens que mon existence a un sens. 

Cette longue digression m’amène au cœur du sujet de mon article : l’enthousiasme comme moteur et étalon d’une vie qui a du sens.

L’enthousiasme se distingue de l’impulsion

Et lorsque je parle d’enthousiasme, je ne le confonds pas avec l’impulsion, réaction secondaire à une émotion suscitée par mon interprétation du présent,  à partir de ce que j’ai vécu…  dans le passé. 

L’impulsion est traumatique, en ce sens qu’elle ne se base pas sur le réel, mais à partir d’une personnalité que je me suis construite pour m’adapter à ma famille, puis à la société. 

L’enthousiasme, quant à lui, semble surgir du vide, même s’il est réveillé par un élément déclencheur. C’est ainsi qu’il me conduit à créer l’inédit, en suivant le mouvement de la Vie, qui se renouvelle à chaque instant. 

L’enthousiasme est gratuit, il naît de l’Être et s’adresse à Lui et, même s’il requiert des biens matériels, il ne les poursuit pas dans l’avidité, mais comme de simples instruments lui permettant d’incarner ses valeurs suprêmes.

L’étymologie du mot enthousiasme parle d’elle-même : « inspiration divine ». Malheureusement, le mot Dieu évoquant une image qui s’est dévoyée au cours des siècles, je lui préfère « inspiration de la Vie » et ce, afin d’harmoniser mon propos au plus grand nombre de ceux qui me lisent ou m’écoutent. 

L’enthousiasme génère des talents uniques

Et c’est comme si cette inspiration, cet élan de l’être, créait le talent nécessaire à la réalisation de son œuvre. 

Je nais avec des qualités, je développe des compétences, j’acquiers une expérience qui me permettent de faire fleurir les promesses qui semblent avoir été semées en moi depuis ma conception. Parallèlement au réveil de mon enthousiasme se dessinent peu à peu mes talents véritables, couleurs uniques que prennent chez moi des qualités partagées avec de nombreuses autres personnes. 

Mon enthousiasme et mes talents traduisent ma dignité : servir le vivant avec ma couleur personnelle

Aujourd’hui, il me plaît de penser que le sens de mon existence se situe là, au point de convergence entre mes enthousiasmes, mes talents et mes valeurs. C’est ce point de rencontre qui me révèle ma dignité : servir le vivant. En prendre conscience me réjouit comme une triple bonne nouvelle : nous pressentant tous reliés, je sais que j’ai le pouvoir d’influer sur le monde, je suis précieuse et irremplaçable, et ce que je peux offrir de plus inestimable se situe à l’endroit de ma joie la plus pure. 

J’aime imaginer comme la planète s’enchanterait si nous permettions à chacun de nourrir ses enthousiasmes, de révéler ses talents propres et de les marier de façon audacieuse, au service du beau, de l’harmonie, de la paix et de la justice dans le monde. Comme l’accompagnement de nos enfants serait tout autre également ! 

Je peux réveiller et nourrir mon enthousiasme

Ce qu’il y a de merveilleux avec l’enthousiasme, c’est que, lorsqu’il précède mes pas, l’univers semble m’ouvrir la voie, je n’ai qu’à m’y abandonner de façon fluide, aussi facilement qu’un gland s’érige en chêne, se laissant, en surface seulement, dessiner par le soleil, la pluie, les vents et les animaux.

La moindre lourdeur présente dans mon quotidien me révèle que des scories de mon ego se sont déposées sur mon « inspiration », qu’inconsciemment,  j’ai colorée de ma petite volonté identitaire. 

Alors, pour réveiller mon enthousiasme, le dépoussiérer et le préserver dans toute sa pureté, j’ai à ma disposition des outils me permettant d’exercer ma vigilance : je peux méditer, par exemple, pour m’entraîner à vivre dans le présent, seul réel, à observer avec bienveillance, mes sensations, mes émotions et mes pensées, et me libérer autant que possible de la dictature de mon petit moi. Je peux m’employer à développer une personnalité de gratitude qui élargit mon regard et ma conscience à ce qui va bien, tant chez moi qu’autour de moi et dans le monde. Je peux m’entourer d’amis qui m’inspirent et croient en moi, etc. 

En conclusion, me réapproprier mon enthousiasme me rend pleinement vivant et sert le monde

Quelles que soient les méthodes que je choisis pour le nourrir, lorsque je me réapproprie mon enthousiasme comme étalon et moteur de mon existence, je remets l’intelligence de la Vie au cœur de ma vie et je me reconnecte à ma noblesse originelle en lui permettant de s’incarner, de façon unique, dans un service au monde qui participe de son réenchantement… Et ma vie prend tout son sens…

Publié dans le magazine Être plus, mars 2020