Bertrand Piccard, Quid de l’éducation des enfants ?

Sous ce titre, je désire partager avec vous différents regards croisés à propos de l’enseignement. Je les puise la plupart du temps au sein d’articles ou de livres. 

Bertrand Piccard, Changer d’altitude, Quelques solutions pour mieux vivre sa vie, Stock, 2014, p 90-92.

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Quid de l’éducation des enfants ?Il faudrait, très tôt déjà, y introduire trois notions de base : la curiosité, la persévérance et le respect. Sans curiosité, on n’essaie jamais rien de nouveau ; sans persévérance, on ne réussit pas ce qu’on entreprend ; sans respect, les succès n’ont aucune valeur.

Bien sûr qu’il faut enseigner des connaissances, mais sans s’y limiter. Il est plus important d’apprendre comment penser que quoi penser. À ce titre, le domaine des points d’interrogation et des doutes devrait trouver autant de place dans les programmes scolaires que celui des certitudes et des acquis. La remise en question de ses propres convictions n’est-elle pas la meilleure façon de stimuler curiosité individuelle et créativité collective, esprit de pionnier et tolérance face aux autres?

Chaque domaine et chaque discipline devrait donc être enseigné sous l’angle officiel et sous l’angle de  ceux qui pensent autrement. Les différentes visions du monde devraient être mises en évidence, tout comme les opinions divergentes. 

Les cours de religion devraient ainsi mentionner ce que les autres religions pensent de la nôtre. Le cours d’histoire devrait laisser la parole aux autres cultures qui ont une vision forcément différente de l’Occident : l’histoire du Moyen-Orient ne peut pas être identique des côtés israélien ou palestinien. La science devrait présenter notre médecine comme une des multiples façons de soigner, sans occulter les approches chinoises, ayurvédique ou chamanique.  Quoi que l’on en pense, la biologie devrait aussi mentionner la vision créationniste du monde et les arguments de ceux qui critiquent la théorie évolutionniste de Darwin. C’est ainsi tout l’état d’esprit de la remise en question que l’on enseignerait à nos jeunes. 

On devrait également laisser de la place à l’inconnu, aux sujets pour lesquels personne ne peut apporter d’explication, comme les guérisons spontanées, les miracles, les hypothèses de vie extraterrestre, etc. Sans affirmer en aucune façon que tout cela existe, mais pour laisser de la place aux mystères, qui non seulement stimulent l’imagination, mais surtout stimulent la capacité à ne pas rejeter d’emblée ce que l’on ne comprend pas. 

Tout cela ne représenterait pas seulement un changement dans les programmes scolaires, mais avant tout, dans la manière de former les professeurs. Peut-on enseigner ce que l’on ne pratique pas soi-même ? C’est pourtant par là qu’il faudrait commencer, si nous voulons permettre aux jeunes générations de développer les facultés indispensables pour trouver leur place dans un monde globalisé qui requiert de plus en plus de flexibilité et de moins en moins de certitudes.