Denis Marquet, nos enfants sont des merveilles

Sous ce titre, je désire partager avec vous différents regards croisés à propos de l’enseignement. Je les puise la plupart du temps au sein d’articles ou de livres.

Denis Marquet, Nos enfants sont des merveilles, Les clés du bonheur d’éduquer, Nil, 2012

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p 53 Le repère ne peut plus être la transcendance de valeurs édictées par la société et imposées de l’extérieur à l’individu, mais une transcendance intérieure à notre enfant : le fait qu’il est un être unique aspirant à s’exprimer dans le monde. L’éducateur est au service de cette aspiration.

p 56 Chaque enfant est absolument unique et, par conséquent, ses besoins en matière d’éducation diffèrent de ceux d’un autre enfant.

p 57 Le seul repère de l’éducation, c’est l’enfant. Il s’agit donc d’être conscient de lui dans la singularité de son être et de chacun de ses moments.

Être conscient demande un travail sur soi.

p 66 C’est le manque d’émerveillement qui crée la personnalité narcissique. S’émerveiller ne veut pas dire voir son enfant mieux qu’il n’est mais tel qu’il est.

Thomas d’Ansembourg : nos systèmes éducatifs

Sous ce titre, je désire partager avec vous différents regards croisés à propos de l’enseignement. Je les puise la plupart du temps au sein d’articles ou de livres.

Thomas d’Ansembourg, Du Je au Nous, L’intériorité citoyenne : le meilleur de soi au service de tous, Les Éditions de l’Homme, 2014

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p 57 Pour éviter que de plus en plus de jeunes et moins jeunes se retrouvent en rupture scolaire ou familiale, sociale ou professionnelle, nous n’avons sans doute pas, directement d’autre pouvoir – mais celui-là, nous l’avons – que de travailler individuellement à transformer notre culture de société pour que l’humain y retrouve sa place. Nous pouvons nous assurer que, de sa fécondation à son dernier souffle, il soit accueilli dans la dignité, accompagné dans l’émerveillement de la découverte du monde et éveillé à la conscience de son appartenance à l’univers entier. Concrètement, cela veut dire que nos systèmes éducatifs, familiaux et scolaires acceptent de privilégier le climat relationnel par rapport aux choses à faire, privilégier le plaisir à vivre, à créer et apprendre ensemble par rapport aux tâches à accomplir et aux fonctions à assurer. Notons bien que ce n’est pas l’un ou l’autre, le programme ou la qualité de la relation ; c’est l’un et l’autre, avec une priorité à mes yeux sur la qualité de l’être, dont chaque adulte est invité à témoigner. S’il s’agit d’un pouvoir d’action individuel, nous verrons que nous ne sommes pas seuls.

 p100 Imaginons comment sera le monde lorsque, durant toute leur scolarisation, les futurs citoyens auront baigné dans une culture où chacun saura que tout est interconnecté, que tout est relié et en interaction constante, et cela, de génération en génération. Cette culture se développe aujourd’hui.

Bertrand Piccard, Quid de l’éducation des enfants ?

Sous ce titre, je désire partager avec vous différents regards croisés à propos de l’enseignement. Je les puise la plupart du temps au sein d’articles ou de livres. 

Bertrand Piccard, Changer d’altitude, Quelques solutions pour mieux vivre sa vie, Stock, 2014, p 90-92.

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Quid de l’éducation des enfants ?Il faudrait, très tôt déjà, y introduire trois notions de base : la curiosité, la persévérance et le respect. Sans curiosité, on n’essaie jamais rien de nouveau ; sans persévérance, on ne réussit pas ce qu’on entreprend ; sans respect, les succès n’ont aucune valeur.

Bien sûr qu’il faut enseigner des connaissances, mais sans s’y limiter. Il est plus important d’apprendre comment penser que quoi penser. À ce titre, le domaine des points d’interrogation et des doutes devrait trouver autant de place dans les programmes scolaires que celui des certitudes et des acquis. La remise en question de ses propres convictions n’est-elle pas la meilleure façon de stimuler curiosité individuelle et créativité collective, esprit de pionnier et tolérance face aux autres?

Chaque domaine et chaque discipline devrait donc être enseigné sous l’angle officiel et sous l’angle de  ceux qui pensent autrement. Les différentes visions du monde devraient être mises en évidence, tout comme les opinions divergentes. 

Les cours de religion devraient ainsi mentionner ce que les autres religions pensent de la nôtre. Le cours d’histoire devrait laisser la parole aux autres cultures qui ont une vision forcément différente de l’Occident : l’histoire du Moyen-Orient ne peut pas être identique des côtés israélien ou palestinien. La science devrait présenter notre médecine comme une des multiples façons de soigner, sans occulter les approches chinoises, ayurvédique ou chamanique.  Quoi que l’on en pense, la biologie devrait aussi mentionner la vision créationniste du monde et les arguments de ceux qui critiquent la théorie évolutionniste de Darwin. C’est ainsi tout l’état d’esprit de la remise en question que l’on enseignerait à nos jeunes. 

On devrait également laisser de la place à l’inconnu, aux sujets pour lesquels personne ne peut apporter d’explication, comme les guérisons spontanées, les miracles, les hypothèses de vie extraterrestre, etc. Sans affirmer en aucune façon que tout cela existe, mais pour laisser de la place aux mystères, qui non seulement stimulent l’imagination, mais surtout stimulent la capacité à ne pas rejeter d’emblée ce que l’on ne comprend pas. 

Tout cela ne représenterait pas seulement un changement dans les programmes scolaires, mais avant tout, dans la manière de former les professeurs. Peut-on enseigner ce que l’on ne pratique pas soi-même ? C’est pourtant par là qu’il faudrait commencer, si nous voulons permettre aux jeunes générations de développer les facultés indispensables pour trouver leur place dans un monde globalisé qui requiert de plus en plus de flexibilité et de moins en moins de certitudes.

Jeux de vie

branwhitlock.blogspot.com
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Décembre 2014 : certains élèves racontent ce qu’ils ont expérimenté en réalisant les petits défis que je leur lance chaque semaine et qui ont presque toujours trait à la relation. 

Avec ces petits jeux, on se sent meilleur, heureux d’avoir dit des choses gentilles et on a une meilleure confiance en nous.

En écoutant, je me rends compte que chaque personne est unique. Au début, j’avais une image très superficielle, basique.

En y réfléchissant bien, je me suis dit « Qu’est-ce que je perds à essayer ? ». Le matin, quand je me lève pour aller à l’école, je me disais « Je n’ai pas le choix, je dois y aller » et je n’étais pas de bonne humeur durant la journée. Un matin, en me levant, je me suis dit en ouvrant les rideaux « Merci pour le beau temps, merci de me permettre d’aller à l’école, merci de me permettre de marcher et de faire du sport. » Chaque moment de la journée où ça allait moins bien, je me disais « Merci pour… » et j’ai passé une meilleure journée.

Le jeu du « Mets-toi à la place de l’autre » m’a aidée à ne plus m’énerver immédiatement sur les gens. Par exemple, j’ai un cheval qui n’est gentil qu’avec moi et agressif pour les autres. L’homme qui fait les boxes avaient eu les cotes cassées à cause de mon cheval et depuis, ne voulait plus faire son box. La semaine où j’ai fait ce jeu de vie, il devait le faire et on allait se disputer à ce propos. Mais j’ai repensé au jeu et je me suis dit que, si cela m’était arrivé, je ne voudrais pas le faire non plus. J’ai donc trouvé un arrangement avec l’homme pour qu’il ne se blesse plus.

Le jeu du sourire m’a permis de passer de meilleures journées. J’ai pris contact avec des gens qui avaient « peur » de moi parce que je ne souriais jamais. Du coup, comme je souriais, tout le monde venait vers moi me dire bonjour. J’avais des sourires en retour. Ce jeu m’a vraiment plu !

Sois ton meilleur ami m’a aidée à prendre plus de temps pour moi. Depuis la séparation de mes parents, une semaine sur deux, je suis chez mon papa et je lui fais presque tout, le ménage, les machines, je m’occupe des chevaux car, si je ne le fais pas, c’est le bazar. Donc, pour qu’il soit content et fier, je ne fais plus que nettoyer quand je suis chez lui. La semaine du jeu, à chaque fois que j’en faisais de trop et que j’étais fatiguée, même s’il restait des choses à faire, je me disais que si ma meilleure amie était là, elle me dirait de prendre du temps pour moi, d’aller faire une sieste… Grâce à cela, j’ai compris que ce n’était pas parce que je faisais tout pour ce soit rangé que mon papa m’aimait.

J’ai complimenté mon copain en lui disant que, malgré ce qu’il vit aujourd’hui et qu’il ne travaille pas, je suis très fière de lui. Il a eu les larmes aux yeux et m’a dit que j’étais la personne qui le faisait avancer dans la vie et qui lui a redonné goût à la vie.

Le don gratuit d’une pensée, d’un objet ou autre chose. Je me souviendrai toujours d’un moment où j’étais avec mon copain et que j’étais en train de penser à lui et à la chance que j’avais de l’avoir. Il s’est retourné et m’a dit que lui aussi, il avait de la chance de m’avoir. Or, je n’avais rien dit !

Tous ces jeux de vie permettent à chacun de s’intégrer dans un groupe par le partage de nos expériences mutuelles. Ils créent notre identité et nous permettent de nous découvrir.

Décembre 2014

 

 Thibaut MiserqueLes observations des élèves ci-dessous sont toutes issues de jeunes qui ont au moins 16 ans. Par respect pour leur vie privée,  j’ai omis intentionnellement de citer leurs prénoms. 

Le cours m’a permis de complètement changer mon quotidien. Je me sens plus libre et heureux. Je pense même que si tout le monde faisait ça, le monde serait complètement différent. C’est bizarre de dire ça comme ça, mais je vous remercie quand même de votre cours car sans lui, je ne serais pas comme je suis aujourd’hui, alors merci !

Nous ne faisons pas que ces jeux car nous chantons aussi. Cela a pour étrange pouvoir d’unir la classe, qui est un ensemble de gens tous différents en un tout harmonieux.

Il faut se laisser porter et entraîner par le groupe.

Je dois bien avouer que ces jeux me mettent tous très mal à l’aise et je dois me forcer pour les faire. Mais ça m’a permis de savoir que je suis réellement très timide et que j’ai énormément peur du jugement des autres. Et même faire ce bilan me permet de me mettre d’accord avec moi-même et de ne plus me mentir. (…)

On apprend à ne pas juger les autres, à les respecter quand ils parlent et surtout les écouter (Quand par exemple, ils ont le bâton de parole) En réalité, je suis quelqu’un qui juge très vite. Et là, j’ai essayé de ne plus juger les autres, mais bien de les écouter et d’essayer de les comprendre. Et bien, c’est « magique » car j’avais des préjugés sur certaines personnes de ma classe et, en essayant de les connaître en les écoutant et en les comprenant réellement, en leur demandant « Si je te comprends bien », je me suis rendu compte que je m’étais trompé.

Le cours de religion est le cours où j’apprends le plus.

J’aime beaucoup le cours car je n’ai pas fort confiance en moi. Il m’aide à mieux me connaître et m’apprivoiser davantage.

Je ne savais pas que j’aimais chanter, mais apprendre de belles paroles et les chanter m’ont à chaque fois apporté de la bonne humeur, même quand je n’allais pas bien.

Même si, au départ, j’ai trouvé ce cours un peu bizarre, maintenant, ça a pu me faire changer, mais pas qu’en classe, aussi au dehors, donc je vous remercie.

J’ai bien apprécié le cours car on y fait quelque chose de différent par rapport aux autres cours où on doit rester assis sur des chaises et avaler de la matière.

C’est un moment de partage d’expériences et d’émotions où l’on peut être soi. Un moment où je me sens bien, où je commence à m’ouvrir même si j’ai plus difficile que d’autres à le faire. C’est un moment où on apprend à écouter les autres sans les juger.

Aujourd’hui, je peux vous dire que la classe va énormément me manquer, que cette année a été magnifique et c’est en partie grâce à votre cours.

En racontant aux autres comment je me sentais, ce que je pensais, ce que je ressentais ou comment je me décrirais, j’ai appris en quelque sorte à me connaître moi-même.

Tout d’abord j’ai envie de dire que le cours de religion, surtout celui de madame Hubert est essentiel au collège Saint Étienne pour la simple et bonne raison que, si une bonne ambiance règne dans la classe, c’est bien grâce à ce cours !

On change d’avis sur les personnes de notre classe, on enlève nos a priori et on s’intéresse aux personnes qu’on a devant nous.

Merci, madame, pour ces quatre années inoubliables avec des sujets et des jeux aussi tordus les uns que les autres mais qui, au fond, m’ont fait évoluer d’une façon que je ne connaissais même pas.

C’est rare que quelqu’un change votre vie, mais, quand ça arrive, vous êtes forcé de le reconnaître.Je le reconnais, vous avez changé la mienne.

Je ne vous oublierai jamais.

À présent, je ne vais plus, par système de défense, les critiquer pour me sentir valorisée en retour. Tout ça, j’ai appris de vous, sans mentir, sans faire la lèche-cul, j’avais besoin de vous le dire.

Durant toutes ces années en votre compagnie, j’ai évolué et mûri. C’est pour ça que je voulais dire merci. Merci pour tout. Même si je n’ai pas toujours la même vision des choses, j’aime votre vision des choses. J’aime le fait que, dans votre cours, l’humain est au centre. Rares sont les cours où l’humain est au centre.

Je suis triste que la fin de l’année arrive et cela m’attriste de me dire que je ne revivrai plus ces moments de partage où nous sommes tous en cercle et où chacun écoute l’autre. C’est un moment de partage unique qui soude énormément la classe.

Je vous remercie pour ces choses apprises au cours de ces années passées avec vous. Vous nous avez appris à créer notre avenir en fonction de nous-même (de nos choix, de nos rêves, de nos projets, de ce qui nous tient à cœur), vous nous avez appris à nous connaître presque par cœur, vous nous avez appris les choses importantes de la vie et surtout à vivre heureux.

Merci pour votre patience car ça ne doit pas être facile d’apprendre ce genre de choses pour des classes de 5è et de rhéto aussi étroites d’esprit que les nôtres !

J’espère que vous continuerez car ce que vous faites est magnifique.

Pour finir, après vos cours, je me sentais mieux parce que j’avais pu m’exprimer alors qu’en général, je serais restée fermée comme une huître.

J’espère que vous continuerez à donner vos cours comme vous le faites maintenant car je pense que ceux-ci peuvent apporter beaucoup de bien à certaines personnes même si d’autres vous empêcheront toujours de donner cours comme vous le souhaitez. Merci pour tout !

Ce que j’appréciais le plus, c’est que presque tout le monde participait au cours malgré le fait que certains soient fatigués ou qu’ils aient passé un mauvais week-end.

C’est certainement le cours qui m’a donné le plus de valeurs pour ma vie d’adulte.

Je vous remercie pour ces deux années passées en votre compagnie, votre bonne humeur de tous les jours et surtout la patience que vous avez eue malgré nos bêtises et nos gamineries parfois.

Je me souviendrai toujours de chacune des heures de religion. Chanter, le bâton de paroles, les minutes pour soi, les jeux, les confidences, mais aussi le partage. C’est un cours où nous pouvons être nous-même. Il ne m’est jamais arrivé de me sentir jugée lorsque je devais parler devant tout le monde. Vous êtes une prof compréhensive qui nous montre les bons côtés de la vie à travers diverses méthodes toutes simples.

Je voudrais vous remercier pour ce cours à la fois excentrique et éducatif qui m’a aidé à prendre conscience de beaucoup de choses.

Je tiens à vous remercier pour les bons moments où nous chantions de grand matin des chants du « répertoire du bonheur », après cela, je ne pouvais qu’être de bonne humeur.

Je vois la vie différemment, c’est une certitude !

Vos chansons, vos textes, vos mélodies, tout ça va me rester en tête pendant de nombreuses années sans doute et ça me réjouit.

Vous mettez tout en œuvre pour nous faire voir la vie de son plus beau côté et tout ça, en passant par le deuil. Je ne sais pas quoi rajouter de plus à part MERCI.Merci pour votre patience, votre gentillesse et votre écoute. Vous savez rester vous-même dans tous les moments, vous n’avez pas peur de rire et même de pleurer devant nous. Vous êtes quelqu’un de vrai. N’ayez pas peur de vous imposer en classe. Vous méritez le respect de tous vos élèves. Vous allez me manquer l’année prochaine.

Je vous remercie pour toutes les chansons qu’on a chantées au début des cours. Celles-ci me mettaient de bonne humeur même si je ne l’étais pas. Merci à vous et à vos conseils souvent donnés pour nous faire avancer sur le chemin.

Je ne vous remercierai jamais assez de nous avoir fait découvrir certaines histoires des témoins venus.

Ce que je retiens de ces deux années, c’est que ce cours de religion était bien plus qu’un cours, c’était une salle où tout le monde pouvait donner son avis.

J’aimerais te parler des deux choses que l’on fait à tous les cours de religion et qui, je pense, m’ont le plus aidé : la minute de silence et le chant.

D’une part, la minute de silence m’aide à me reconcentrer sur l’essentiel et d’autre part, le chant est l’activité qui m’a le plus aidé à combattre ma timidité.

Bon, je dois t’avouer qu’au début, j’ai pris la prof pour une folle, mais après, on s’habitue et ça devient agréable. Tout d’abord, à chaque cours, on fait une minute de silence. Au début, il y avait des malaises, mais après, on n’attend que ça. Moi je trouve que la minute de silence, pendant les cours, qui plus est, me permet de me recentrer sur mes priorités, de sentir les différents frissons qui parcourent mon corps, mon poids sur la chaise et de me sentir en harmonie avec le reste de la classe.

Au cours, on commence par chanter et après, on fait une minute de silence et ça, c’est vraiment magique ! Ça nous calme tous à chaque fois. Au début, je pensais que ça ne marcherait pas, mais si, tout le monde le fait ! Parfois, quand je suis énervée, je me fais des petites minutes de silence, je me calme et je vois ce qu’il y a au fond de moi, je cherche les meilleures solutions. Et ça fonctionne ! Je te jure, tu dois essayer !

Tu te souviens de madame Hubert, une drôle de dame avec sa guitare qui a l’air un peu ailleurs ? En fait, c’est elle qui y voit le plus clair.